La famille turque Albayrak, liée à Erdoğan, prendra le contrôle de 51% des ports pour 25 ans renouvelables

La familia turca Albayrak, vinculada a Erdoğan, asumirá el control del 51% de los puertos por 25 años prorrogables

Les ports de Bata et Malabo, considérés comme l’un des moteurs économiques clés de la Guinée équatoriale, traversent une crise de gestion sans précédent, révélant une série de défaillances structurelles et opérationnelles. Cependant, au-delà des erreurs administratives et financières, cette situation ne constitue pas un phénomène isolé, mais s’inscrit dans un schéma plus large de corruption et de mauvaise gestion qui a caractérisé la gestion des ports du pays pendant plus de 38 ans. La famille du dictateur Teodoro Obiang Nguema a été complice et bénéficiaire de ce pillage systématique, avec la complicité de figures clés telles que José Eneme Obama (Chele) et les enfants du dictateur, María Luisa Mangue Obiang Saw, Inocencio Ngomo Obiang et Alberto Ndong Obiang Lima, qui ont contrôlé et exploité les ressources portuaires à leur profit.

Un rapport récent de la filiale de PricewaterhouseCoopers en Guinée équatoriale sur la gestion des ports a mis en évidence de graves irrégularités affectant leurs opérations. D’une part, la situation juridique des ports demeure floue, créant une incertitude dans leur administration et compliquant toute tentative de réforme ou d’amélioration. De plus, l’absence de manuels de procédures administratives et comptables a révélé le manque de structure organisationnelle, favorisant l’opacité et les mauvaises pratiques.

Le traitement manuel des paies et des transactions, un système obsolète et propice aux erreurs, touche environ 1000 employés, ce qui reflète un niveau d’inefficacité inadmissible dans toute autre entreprise ou institution publique. L’absence de documentation dans les transactions de remboursement et les transferts bancaires est également alarmante, car elle témoigne d’une gestion irresponsable des fonds publics et ouvre la porte à la corruption. L’absence de fiches de données pour le personnel opérationnel, ainsi que l’absence de logiciel pour la gestion des actifs fixes et de la maintenance, non seulement met en danger l’opérabilité des ports, mais révèle également un abandon des infrastructures et des ressources matérielles qui devraient être gérées de manière efficace et transparente.

Ce qui pourrait sembler être une série de défaillances administratives isolées dans la gestion du port de Bata faisait en réalité partie d’un schéma systématique de pillage des ressources portuaires en Guinée équatoriale. Depuis l’arrivée au pouvoir de Teodoro Obiang Nguema en 1979, les ports du pays ont été sous le contrôle de sa famille, qui a utilisé ces actifs stratégiques comme une source constante d’enrichissement personnel. José Eneme Obama (Chele), décédé le 17 octobre, était l’un des personnages clés du cercle de pouvoir proche d’Obiang et a joué un rôle central dans la gestion des ports. Avec les enfants du dictateur — María Luisa Mangue Obiang Saw, Inocencio Ngomo Obiang et Alberto Ndong Obiang Lima —, ils ont été complices du pillage des ports, gérant les ressources et les contrats de manière totalement opaque. La gestion de ces ports a été marquée par un manque de transparence, des détournements de fonds et la commande de travaux et d’infrastructures sans justification ni documentation technique adéquate.

Pendant des décennies, cette famille a amassé des richesses par le biais de contrats gonflés, la manipulation des acquisitions et le contrôle des opérations portuaires. La situation des ports n’est que le reflet de ce modèle de gestion corrompu qui prévaut dans le pays sous le régime d’Obiang, où la richesse de la famille présidentielle a été construite aux dépens des ressources de l’État.

Teodoro Nguema lors de l'investiture de Recep Tayyip Erdoğan

Teodoro Nguema lors de l’investiture de Recep Tayyip Erdoğan

Le régime d’Obiang cède le contrôle à des entreprises étrangères

Face à la gestion catastrophique des ports de la Guinée équatoriale, le régime de Teodoro Obiang et sa famille ont dû reconnaître leur échec et remettre le contrôle des ports les plus importants du pays à des entreprises étrangères. Dans une tentative de masquer la situation sans prendre la moindre responsabilité pour ceux qui ont ruiné les ports, le gouvernement a lancé une prétendue procédure d’appel d’offres pour la réhabilitation, la modernisation, l’extension, l’exploitation et l’entretien des ports de Bata et Malabo. Deux entreprises ont répondu à l’appel d’offres : la turque Albayrak et la philippine International Container Terminal Services, Inc.

La famille turque Albayrak, liée à Erdoğan, prendra le contrôle de 51% des ports pour 25 ans renouvelables
Propositions comparatives

Selon des informations confirmées par Diario Rombe, l’offre de l’entreprise turque s’élevait à 285.299.076 dollars, répartis entre 180.242.966 dollars pour les équipements et 105.056.110 dollars pour les infrastructures. De plus, Albayrak a proposé un projet de construction d’un port sec à Ebebiyin, fief politique de la famille Engonga Edjo, avec un investissement de 21.584.310 dollars. En revanche, l’offre philippine était bien inférieure, avec une proposition d’investissement en équipements d’à peine 25 millions de dollars, un montant que le régime a jugé dérisoire par rapport à l’offre des Turcs, qui entretiennent des liens étroits avec les partenaires commerciaux de la famille Obiang.

D’après la même source consultée par Diario Rombe—qui a souhaité rester anonyme—, l’offre turque a finalement été acceptée par la famille Obiang. La raison de ce choix est évidente : tandis que les Philippins souhaitaient prendre le contrôle total des ports, en versant uniquement des redevances à l’État, les Turcs ont accepté de détenir 51% des parts, laissant l’État avec 49%. Cependant, ce 49% serait sous le contrôle direct de la famille Obiang, garantissant ainsi que, bien que le régime semble céder une partie du contrôle, la véritable gestion continuerait d’être entre les mains des mêmes acteurs corrompus de toujours.

La société mixte

Selon des informations obtenues par Diario Rombe auprès de sources proches du gouvernement de la Guinée équatoriale, le Groupe Albayrak, propriété de l’une des familles d’affaires les plus influentes de Turquie, et le gouvernement de la Guinée équatoriale, représenté par Holding Guinée Équatoriale S.A., ont conclu un accord pour créer une entreprise mixte visant à agir en tant que concessionnaire et à exploiter les bénéfices liés à la licence accordée dans le cadre du contrat de concession signé le jeudi 14 novembre. Avec un capital social de 100.000.000 FCFA, le Groupe Albayrak détiendra 51% des actions et assumera la présidence du conseil d’administration, consolidant ainsi son pouvoir sur l’un des actifs les plus stratégiques du pays : les ports de la Guinée équatoriale.

Cet accord reflète une fois de plus le schéma des décisions erronées et catastrophiques qui caractérisent la gestion du régime de Teodoro Obiang. Alors que le pays continue d’être pillé par un petit cercle de puissants proches du dictateur, le gouvernement équatoguinéen cède des ressources essentielles à des intérêts étrangers, laissant son peuple sans voix ni participation dans le développement de sa propre économie. Holding Guinée Équatoriale S.A., une entité publique censée être responsable de la diversification et du renforcement de l’économie nationale, est sous le contrôle de la famille Obiang, ce qui transforme cette « entreprise mixte » en une mascarade. Plutôt que de promouvoir un véritable développement économique, cet accord réaffirme le modèle extractiviste et clientéliste qui prévaut depuis des décennies dans le pays.

Le Groupe Albayrak n’est pas seulement un acteur clé de l’économie turque, mais ses liens avec Berat Albayrak, ancien ministre de l’Énergie et des Finances et gendre de Recep Tayyip Erdoğan, accentuent encore le caractère opportuniste de cet accord. En confiant le contrôle des ports à un conglomérat étranger, le gouvernement de la Guinée équatoriale hypothèque l’avenir du pays, s’assurant que les bénéfices de son infrastructure stratégique continuent de fuir à l’étranger, tandis que le peuple équatoguinéen reste plongé dans la pauvreté et l’exclusion.

De telles décisions, profondément nuisibles à la souveraineté et au développement de la Guinée équatoriale, ne reflètent pas seulement un manque de leadership, mais aussi une trahison flagrante des intérêts nationaux. La cession de ressources clés à des acteurs étrangers, sous la direction d’une élite corrompue, est une recette assurée pour l’appauvrissement et la dépendance perpétuelle.

Un contrat dangereux et bénéfique uniquement pour la famille Obiang

Le gouvernement de la Guinée équatoriale et les représentants du groupe Albayrak ont signé hier un contrat de concession pour la réhabilitation, la modernisation, l’extension, l’exploitation et l’entretien des ports de Bata et Malabo. Malgré les avertissements clairs des avocats de l’État, qui avaient suggéré de limiter la concession à un maximum de 5 ans pour protéger les intérêts nationaux, le contrat a été signé pour une durée de 25 ans, un accord qui met non seulement en péril l’avenir des ports, mais reflète aussi la cession continue des ressources du pays à des mains étrangères et aux intérêts de la famille Obiang.

La justification officielle avancée par les conseillers du fils du dictateur est que le contrat de concession peut être prolongé jusqu’à 30 ans si l’investisseur doit récupérer son investissement. Cependant, cette explication, au-delà de son vide, n’est rien d’autre qu’une excuse pour justifier un contrat démesuré et extrêmement avantageux pour les partenaires commerciaux de la famille Obiang. L’argument selon lequel la réglementation de la CEMAC permet ces délais est utilisé comme un écran de fumée pour dissimuler ce qui se passe réellement : un pillage systématique des ressources du pays sous le prétexte de « l’investissement étranger ».

Il est important de souligner que le contrat sera révisable tous les 5 ans, mais ce détail ne change en rien la réalité de fond : les ports, actifs stratégiques de la Guinée équatoriale, échappent désormais au contrôle effectif de l’État et sont placés sous l’influence d’une entreprise turque, agissant en tant que partenaire privilégié du régime. Ce type d’accord est devenu la norme sous un gouvernement qui a prouvé son incapacité à protéger les intérêts nationaux et qui, une fois de plus, préfère favoriser ses alliés et ses proches au détriment de la souveraineté et du bien-être de la population.

La durée de 25 ans n’est pas seulement excessive, elle représente un nouveau chapitre dans l’histoire de la corruption et du népotisme qui caractérise le gouvernement de Teodoro Obiang. Les ports de Bata et Malabo, qui devraient être une source de développement et de prospérité pour le pays, sont confiés à une entreprise étrangère avec laquelle la famille Obiang continue de partager les bénéfices et le contrôle. Cette décision n’est pas seulement une trahison des intérêts du peuple, mais une nouvelle preuve que le régime continue d’utiliser les ressources du pays comme un butin personnel.

Dans la plupart des pays du monde, les ports stratégiques sont publics et gérés par des autorités portuaires liées aux gouvernements municipaux, régionaux, étatiques ou nationaux. Ces entités sont responsables de la gestion, de l’administration et du développement des infrastructures portuaires, ainsi que de la régulation et de la promotion du commerce et du transport maritime. Cependant, en Guinée équatoriale, sous la direction d’Obiang, la gestion des ports stratégiques a pris une tournure totalement erronée et dangereuse.

Le régime a cédé 51% des ports de Malabo et Bata à une entreprise privée étrangère d’origine turque, sans lien avec le pays ni justification plausible. Cette décision est non seulement un acte d’irresponsabilité, mais également une grave erreur stratégique. Alors que d’autres pays conservent le contrôle de leurs ports en tant qu’actifs nationaux essentiels, Obiang a choisi de confier à des intérêts étrangers une infrastructure vitale pour la sécurité et la stabilité du pays. Le modèle adopté par la Guinée équatoriale contraste profondément avec celui de nations qui protègent leurs actifs stratégiques.


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